Challenges, le Figaro, France Inter… à l’approche de la clôture des vœux sur Parcoursup, on ne compte plus les articles qui pointent du doigt le marché « juteux » du coaching scolaire.
Il faut dire que suite au fiasco d’APB en juillet dernier, l’orientation scolaire semble devenue tendance, au point d’ailleurs que ce sujet s’est révélé juteux également pour l’ensemble de la presse puisqu’il a donné lieu à de nombreux papiers ou reportages !

Après avoir tiré à boulet rouge sur APB, voici donc venu le tour des coachs et autres structures d’accompagnement en orientation. Au-delà des articles sur le sujet, c’est surtout l’amalgame fait entre tous les acteurs présents sur ce marché qui m’agace.

On y mélange tout : coaching scolaire et coaching d’orientation, coach et conseiller en orientation, indépendants et franchises organisées.

Un peu de pédagogie est nécessaire pour comprendre que l’on parle de choses très différentes sous une seule appellation : « coaching scolaire ».
Le coaching scolaire correspond à l’accompagnement d’un élève afin de lui permettre une prise de décision (choix d’orientation, de métiers, …), un changement de comportement (autonomie, confiance en soi, stress, motivation) ou une optimisation de ses performances (réviser efficacement, préparer des entretiens).
Si le coaching d’orientation est donc une des formes que peut prendre le coaching scolaire, ce n’est pas la seule. Par ailleurs, le soutien scolaire qui est lui un accompagnement sur des matières étudiées à l’école n’est pas du coaching scolaire.

Je sais bien qu’aujourd’hui tout est coaching, mais pourtant, il ne suffit pas de s’auto-proclamer coach pour faire du coaching.
Il existe un titre officiel de coach professionnel certifié, qui correspond à une formation sanctionnée par un titre RNCP (niveau I en ce qui me concerne) qui garantit l’acquisition des compétences et techniques nécessaires pour exercer le coaching (pour savoir ce qu’est un titre certifié voir ici).

Par ailleurs, le coaching répond à une déontologie précise : un coach ne fait pas n’importe quoi, il ne fait pas de choix « à la place de » et s’abstient de donner des conseils.
Donc un coach en orientation, ce n’est pas la même chose qu’un conseiller en orientation : là où le coach accompagne l’élève dans une réflexion sur lui-même (qui suis-je, quelles sont mes ressources, qu’est-ce que j’attends de ma vie professionnelle et personnelle) un conseiller va, souvent à partir d’un test de personnalité, conseiller à l’élève telle ou telle formation ou tel type de métier.
Les deux démarches sont donc très différentes mais peuvent être complémentaires. Personnellement, je trouve que le coaching respecte plus l’essence même du coaché, provoque une prise de conscience plus forte et génère ainsi une mise en mouvement et une autonomie réelle et durable. Néanmoins, selon la personnalité et la maturité du jeune que l’on accompagne, le conseil peut se révéler plus adapté. A chacun de choisir ce qui lui correspond le mieux.

On y présente les acteurs de ce marché comme des personnes s’enrichissant sur le dos des pauvres parents stressés devant l’orientation de leur progéniture.

 S’il est vrai que, cette année, l’inquiétude des parents semble exacerbée par l’affaire APB, l’existence même de professionnels de l’orientation répond à un réel besoin.
Que l’on soit clair : le marché a horreur du vide ! Si des parents éprouvent le besoin de faire accompagner leurs enfants sur leur orientation, c’est que l’accompagnement tel qu’il est proposé par l’Education Nationale est insuffisant. On a vite fait de mettre ça sur le dos des Conseillers d’Orientation Psychologues et des CIO, mais ils sont trop peu nombreux et disposent de trop peu de moyens pour accompagner tous les lycéens.
Si le public ne suit pas, c’est donc le privé qui palie le manque. On peut lancer le débat sur l’égalité de l’accès à ce type d’accompagnement, je dirai simplement qu’il m’arrive de faire aussi des coachings solidaires avec une rétribution symbolique, mais que comme tout un chacun, j’ai besoin de gagner ma vie.

Parlons alors rémunération. Quand je lis « marché florissant », « business juteux », « poule aux œufs d’or », j’avoue que cela me laisse rêveuse… Il y aurait donc un Eldorado de l’orientation quelque part ? Qu’on me donne les coordonnées GPS au plus vite !!

Plus sérieusement, à 60 € la séance, le coaching individuel ne représente qu’une toute petite partie de mon chiffre d’affaires, lequel chiffre d’affaires est quand même assez loin de me permettre d’en vivre. Je gagnais bien mieux ma vie quand j’étais salariée ; en revanche, mon métier m’apporte du sens, un plaisir et un épanouissement incomparable.

Il convient de faire réellement la différence entre le coach indépendant, pour qui il est très difficile de vivre uniquement du coaching de particuliers, et les structures organisées ou les franchises. Et encore… Il faudrait peut-être interroger ces adhérents franchisés sur leur rémunération réelle une fois payés le droit d’entrée, la cotisation annuelle et les diverses commissions.

Quant aux sites internet « spécialisés » dans l’orientation, quel est leur modèle économique ? Ne gagnent-ils pas mieux leur vie en monnayant les données collectées (ah les tests gratuits en ligne !!) que par le paiement de leurs conseils ? Et peut-on sérieusement les comparer à un professionnel certifié qui fait son métier avec des méthodes éprouvées et une approche personnalisée et déontologique ?

L’absence de règlementation dans cette profession encourage un certain flou artistique.  Charge à nous, professionnels du coaching d’orientation, d’expliquer et de revendiquer nos titres, nos certifications et notre approche. A nous aussi de faire preuve de responsabilité et de ne pas accompagner en coaching un jeune dont on sent qu’il n’est pas prêt ou motivé pour ça.

Bref, ne jetons pas l’opprobre sur toute une profession avec des raccourcis et des comparaisons simplistes.

Alors comment choisir le bon professionnel pour votre enfant ? Retrouvez mon article sur les « 5 critères pour choisir son accompagnement à l’orientation »

Author

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *